Le Crotoy est une commune française portuaire de
la baie de Somme située dans le
département de la Somme, dans les Hauts-de-France.
Depuis juillet 2020, la commune
fait partie du parc naturel régional
Baie de Somme - Picardie maritime. Ses habitants sont appelés les Crotellois1.
Géographie
Le Crotoy est situé sur le rivage nord,
au fond de la baie de Somme, au bord de la Manche. La commune fait partie de la région naturelle du Marquenterre.
La caractéristique du Crotoy est d'être
une plage de sable fin exposée
plein sud (d'où le nom de plage blanche ou le slogan contemporain
de « Le Crotoy, plage plein sud »).
Urbanisme et aménagement du territoire]
L'agglomération du Crotoy est composée
de plusieurs quartiers :
le Bourg c'est-à-dire l'ancien village
qui constitue le centre-ville concentrant les commerces, les services
hôteliers, les services publics, l'église...
les quartiers de villégiatures qui
enserrent le bourg. Ils se sont développés le long de la plage : quartier
balnéaire, quartier de l'Aviation ou le long d'une voie principale :
quartier des Mollières.
La commune du Crotoy est composée de
deux agglomérations, Le Crotoy et Saint-Firmin-lès-Crotoy qui dispose d'une
mairie annexe. Jusqu'en 2014, ce hameau était doté d'un adjoint spécial et
d'une école. Saint-Firmin a été rattaché au Crotoy entre 1790 et 1794. La
Bassée et Bihen sont les autres hameaux de la commune.
L'extraction de matériaux dans les
carrières de Saint-Firmin-lès-Crotoy (toujours en activité) a conduit
au creusement d'un important plan d'eau, étendu du Crotoy aux limites
communales avec la ville de Rue. Une base nautique y a été active à La Bassée.
« Crot » pourrait venir
du celtique « cro », terme désignant la boue : près du
« crot » où fut édifié le Crotoy, il y avait un sol de boue
formé de ravins15. Cependant,
l'hypothèse la plus probable est que le nom de la ville vient du terme « crot »,
que les Celtes employaient pour désigner un banc de sable formant abris15.
La première ville du Crotoy, d'origine
celtique, se nommait « Mayoc », port de la Maye. Un des bras de
la Maye se jetait à la
mer en longeant un massif de galets, nommé « barre-mer », lequel
formait un havre, ou « hoc »,
d'où le nom de « Maye-hoc», puis « Mayoc ». Lors d'une tempête,
une tranche du banc fut entamée. Le barre-mer sectionné comprenait deux
parties : celle tronquée accueillit la construction de nouvelles
habitations et conserva le nom de « Mayoc » ; l'autre, qui
formait une butte isolée, fut nommée « Crotoy »15.
La flotte de Guillaume le Conquérant constituée pour la conquête de l'Angleterre partit de Saint-Valery et quelques navires partirent du Crotoy,
en 1066.
En 1150, le comte de Ponthieu fit
construire un château fort au Crotoy. Hugues III de Campdavaine, comte de Saint-Pol
fit assassiner le comte de Ponthieu au xiie siècle.
Ce méfait et bien d'autres sont à la base de la légende de la « Bête
Canteraine ». Le terrible comte de Saint-Pol aurait été transformé en loup
puis lesté de chaînes, condamné à hanter les lieux qu'il avait désolés en tant
qu'homme16.
En 1209, Le Crotoy se vit octroyer une
charte communale.
En 1290, le comte du Ponthieu, Édouard, roi d'Angleterre,
acheta de la commune du Crotoy-Maiocq-Berteaucourt une rente dont le capital
fut appliqué aux besoins de cette commune17.
La reine Isabelle de France et son
fils Édouard de Windsor embarquèrent du
Crotoy en 1326 pour gagner la
Hollande puis l'Angleterre afin d'y renverser Édouard II lors d’une invasion rapide.
Le Crotoy, statue de
Jeanne d'Arc par Athanase Fossé
En 1362, le mayeur du Crotoy, Jehan
Vadicoq, et son épouse, Marguerite Dorémus, firent une donation qui permit le
fondation d'un hôpital au Crotoy.
Durant la guerre de Cent Ans, la commune fut alternativement sous
domination anglaise et française. Édouard III d'Angleterre
séjourna au Crotoy et y fit construire en 1366 une très importante forteresse.
En 1372, une armée anglaise, aux ordres
de Robert Knolles, envahit le Ponthieu
et vint brûler la ville du Crotoy avant de traverser la Somme au gué de
Blanquetaque.
Le Crotoy fut le lieu de résidence,
durant ces périodes troublées, d'un gouverneur et d'une garnison. Jacques d'Harcourt fut le gouverneur le plus célèbre
du Crotoy : il le défendit avec audace et courage contre les armées
anglo-bourguignonnes. Une rue éponyme lui rend hommage dans le centre-ville.
Assiégée, Le Crotoy, dernière position française de la baie de la Somme, capitula le 1er mars 1424. Après la bataille de Verneuil, Jean II d'Alençon y fut interné
durant trois ans.
Jeanne d'Arc fut emprisonnée au château du Crotoy du 21
novembre au 20 décembre avant de traverser la baie de Somme et être conduite
à Rouen pour son procès.
Le traité du Crotoy fut signé entre la
France et l’État bourguignon, le 3 octobre 1471.
Article détaillé : Traité du Crotoy.
En 1589, un arrêt de la Chambre du
Conseil des États ordonna qu'il fût établi au Crotoy un bureau pour recevoir
les droits sur toutes les marchandises venant de Hollande, Zélande et Espagne
en France.
Pendant les guerres de Religion, Le Crotoy prit le
parti d'Henri de Navarre. Par un édit de 1594, Henri IV déchargea d'impôts les Crotellois.
Il séjourna dans la commune le 18 avril 1596.
La forteresse du Crotoy, « qui
estait place imprenable » selon Leprêtre, a soutenu pas moins de
vingt-cinq sièges dans son histoire18.
En 1674, en application des clauses du traité d'Aix-la-Chapelle, le château du Crotoy
fut détruit. La ville s'endormit jusqu'au xixe siècle
et resta un simple port de pêche.
À la fin du xviiie siècle, une controverse éclate au
sujet de la commune, Saint-Valery ou Le Crotoy, où doit déboucher le canal de
la Somme en projet et se créer un grand port. C'est finalement Saint-Valery qui
est choisi15.
Les débuts du tourisme balnéaire, Le Crotoy lieu de villégiature de
peintres et d'écrivains[]
En septembre 1837, Victor Hugo visita Le
Crotoy.
A partir de l'arrivée du chemin de fer,
en 1847, Le Crotoy devint un lieu de résidence recherché et une station balnéaire
en vogue. De nombreux établissements de bains et un casino (à l'emplacement
actuel de la résidence Pierre & Vacances) y furent construits.
Pierre Guerlain, futur parfumeur de
l'Impératrice Eugénie, y acquit de nombreux terrains et une
grande maison en bord de mer, qu'il appela son « petit manoir ».
Cette maison, souvent confondue avec l'Hôtel des Tourelles, édifice qui, lui,
date de la toute fin du xixe siècle,
existe toujours. En 1850, Pierre Guerlain fit construire au Crotoy le Grand
Hôtel (les derniers vestiges de ce bel hôtel ont été démolis au début des
années 1970 pour faire place à une résidence d'appartements) : la station
balnéaire était lancée. Une tradition orale indique que l'impératrice Eugénie aurait effectué une visite au
Crotoy ; une rue à son nom commémorerait cet événement. Elle aurait voulu
faire du Crotoy une station balnéaire complémentaire de Deauville, station lancée par
le demi-frère de Napoléon III, le duc de Morny. Hypothèse peu
vraisemblable, car l'impératrice séjournait régulièrement à Biarritz où
l'empereur Napoléon III avait fait
construire, dès le début de leur mariage, une grande résidence d'été.
L'écrivain Jules Verne s'installa, dans
une maison, « La Solitude », qui existe toujours, à côté du port. Il
passa près de huit ans au Crotoy. Il y rédigea notamment Vingt mille lieues sous les mers. Une légende locale
veut que la maquette du Nautilus soit enfouie dans le port du
Crotoy. Pendant la guerre de 1870, Jules Verne était
capitaine de la garde locale et patrouilla à bord de son voilier le Saint-Michel.
De nombreux peintres furent fascinés par
les paysages du Crotoy : Sisley séjourna à de nombreuses reprises au Crotoy et y réalisa quelques
toiles, Toulouse-Lautrec effectua à la
fin de sa vie de nombreux séjours de 1887 à 1900 dans une maison
du centre-ville, « Les mouettes blessées », Georges Seurat vint en 1889 au Crotoy et
peignit deux toiles : Le Crotoy amont représentant le
bourg et Le Crotoy aval représentant la plage. Alfred Manessier « enfant »
du Crotoy a peint de très nombreuses toiles des port et paysages crotellois
pendant un demi-siècle.
Colette séjourna cinq ans au Crotoy, à partir de 1906, notamment durant
l'été, dans la villa Belle-Plage, en compagnie de la fille du duc
de Morny, Mathilde de Morny et dans la
« villa des Dunes ». Elle y rédigea Les Vrilles de la vigne et La Vagabonde.
L'écrivain Paul Eudel, natif du Crotoy, y
séjourna régulièrement et y rédigea certaines de ses œuvres (parfois sous le
pseudonyme de Paul du Crotoy).
Une des vastes maisons construites à
l'emplacement de l'ancien château fort du Crotoy a été le manoir de la famille
du poète élégiaque, Charles-Hubert Millevoye.
Le Crotoy, un des berceaux de l'aviation[]
La commune fut également la terre
d'élection des frères Caudron pionniers de
l'aviation. De nombreux vols d'essais eurent lieu sur la plage. Le premier vol
validé eut lieu le 24 mai 1909. Dès 1910, les frères Caudron
créèrent la toute première école de pilotage du monde, (école de pilotage Caudron du Crotoy) attirant dans la
Somme de futurs grands aviateurs. En 1912, ils créèrent aussi le premier hydravion de l'histoire.
En 1913, l'école de pilotage se doubla d'une école militaire de pilotage. Cette
école d'aviation militaire fut l'une des plus importantes de la Première Guerre mondiale, avec celles situées
sur les terrains proches des villes de Chartres, d'Istres, de Châteauroux, ou encore, d'Avord.
ce pays. Il est le premier
pilote à survoler la Cité interdite, lors de la livraison de douze biplans type G3 commandés par la Chine.
4 700 pilotes furent diplômés de l'école Caudron du Crotoy. C'est ici que
la première femme américaine de couleur, Bessie Coleman, passa son brevet de pilote, ce
qui lui était alors interdit aux États-Unis. Le roi des Belges Albert Ier vint visiter la plage et
ses terrains d'aviation en 1920. L'École d'aviation quitta le
Crotoy en 1928. L'entreprise de construction d'avions des frères Caudron fut
finalement rachetée en 1933 par le groupe Renault